Maximilien Pellet aiguise une géométrie de la surface. Non pas que le plat soit la seule dimension de sa production, mais ses œuvres par leur qualité de paroi, leur logique de pavement et leur lexique héraldique, affichent un appétit flagrant pour la planéité. Sa formation en image imprimée aux Arts Décoratifs de Paris, dont il sort diplômé en 2014, peut éclairer son aisance à composer des visions propres à la sérigraphie, à la gravure ou à l’édition. Il continue aujourd’hui à beaucoup dessiner, et toujours à penser par croquis, qui remplissent ses carnets. C’est ensuite par son engagement successif au sein de trois ateliers associatifs incluant la villa Belleville où il est actuellement basé, qu’il acquiert des compétences au contact de complices et de nouveaux équipements. La mutualisation des outils assure une autonomie de facture. De la sorte, il perfectionne sa technique de l’enduit, puis de la céramique. Ces savoir-faire lui permettent d’affirmer un vocabulaire au fort potentiel combinatoire. Tout semble faire puzzle. L’ensemble de son travail peut ainsi être lu selon le principe du tangram. Né d’un carreau de faïence qu’un empereur chinois aurait brisé, ce jeu est constitué de sept pièces élémentaires qui forment initialement un carré, mais dont la juxtaposition ouvre un panel infatigable de figures. D’un problème, résulte un éventail de solutions. Outre l’inventivité plastique qu’elle éveille, cette parabole insiste sur l’économie de moyens et la ruse en présence dans la pratique de Maximilien Pellet. Après de premières expositions personnelles à Paris en 2017 puis Orléans et Pantin en 2019, la Double V Gallery lui consacre en 2020 une importante visibilité. Dans le sud de la France, Maximilien Pellet s’était déjà distingué dans le cadre du festival Design Parade organisé par la villa Noailles à Toulon. On pouvait y admirer un sol, dont les pavés bancals invitaient davantage à la contemplation qu’à l’usage. L’émail flashe d’une brillance électrique. Le répertoire relève du hiéroglyphe. Et sa passion du décoratif embrasse ostensiblement les joies du mural, et tout ce qui s’y accroche.
Joël Riff
2021